vendredi 9 septembre 2011

Le charretier de la Providence - Georges Simenon


Voici le second titre de la série des Maigret que je lis. Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'accroche plutôt bien. J'aime énormément l'ambiance et cela tombe bien puisque les romans de Simenon (les Maigrets en tout cas) sont affaire d'ambiance.
Cette fois-ci, l'enquête du célèbre commissaire l'entraine dans le milieu des mariniers au milieu des péniches, des écluses ... Une femme est retrouvée assassinée dans une grange près d'une écluse. Elle était l'épouse d'un riche anglais qui traverse la France par voie fluviale à bord d'un magnifique bateau de plaisance.
Une fois encore, Maigret mène son enquête avec une certaine nonchalance. Il dort sur place et n'hésite pas à louer un vélo pour parcourir les berges du canal. C'est par imprégnation que le commissaire conduit ses investigations. C'est moins grâce à l'accumulation d'indices que par les impressions qu'il ressent et l'opinion qu'il se forge des protagonistes de l'affaire, que le policier parvient à résoudre l'énigme.
J'avoue que j'aime beaucoup cette (fausse) lenteur, cette façon toute particulière de chercher la vérité et par-dessus tout, ces plongées au cœur de milieux chaque fois différents, au cœur des gens, tout simplement.
Je me rends compte que j'ai bien peu à dire. Tout simplement parce qu'une ambiance, cela ne se résume pas. Cela se vit.
Essayez ! Vous m'en direz des nouvelles.

lundi 22 août 2011

Le crime du golf - Agatha Christie



Hercule Poirot reçoit un télégramme d'un certain M. Renauld, résidant en France, et qui appelle le détective à l'aide. Quand celui-ci arrive sur place, il est malheureusement trop tard : Renauld a été retrouvé poignardé. Sa femme déclare que deux hommes barbus et masqués, à l'accent sud-américain, l'ont ligotée puis ont enlevé son mari.
Ce Crime du Golf est la seconde enquête d'Hercule Poirot. Il est toujours accompagné de l'inénarrable Hastings. Cette fois-ci, l'intrigue ne se déroule pas en Angleterre mais en France. En dehors de cela, j'avoue ne pas avoir grand chose à en dire. Je sèche.
J'ai trouvé l'intrigue un peu confuse et sans grand intérêt. Peut-être à cause d'un trop grand nombre de pistes un peu brouillonnes. Ou à moins que cela ne soit dû à un certain manque de charisme des personnages.
Quoi qu'il en soit, ce roman ne fait pas partie de mes préférés de la grande dame du policier.

dimanche 21 août 2011

Pietr le Letton - Georges Simenon



Une enquête du commissaire Maigret

Bon, commençons par les choses qui fâchent. Ce premier roman de Simenon mettant en scène le commissaire Maigret est truffé de phrases racistes. Et qu'on ne vienne pas me dire que cela est dû à l'époque. L'Histoire est pleine de gens qui ont su dépasser les préjugés de leur temps. Simenon n'était pas «obligé» de balancer ces clichés sur telle ou telle communauté (ethnique, religieuse, nationale ...). L'un des personnages est au moins autant appelé «La Juive» que par son nom. Comme si son identité se résumait à sa confession et surtout comme si tous ses travers (parce que le personnage n'est pas vraiment positif) était représentatif de ses coreligionnaires. Bon, pour être honnête, notons que Maigret (qui est sans doute un peu Simenon) se prend d'une certaine affection pour la jeune femme. Disons que Simenon voulait être dans l'air du temps et ne remettait pas en question les opinions de son temps. C'est dit. N'en parlons plus. Revenons au reste.
Le commissaire Maigret reçoit un télégramme lui signalant la présence dans l'Étoile du Nord, à destination de Paris, d'un escroc international : Pietr le Letton. Arrivé à la gare du Nord, Maigret croise un premier suspect correspondant au signalement de l'escroc et qui prend un taxi pour le Majestic. Cependant, il découvre également un cadavre dans le train qui pourrait bien être, lui aussi, Pietr le Leton. Maigret se rend au Majestic afin de suivre la trace du premier individu. Il retrouve ce dernier en compagnie d'un riche homme d'affaire américain. L'enquête se poursuit ensuite à Fécamp puis dans un hôtel sordide de Paris. L'homme que poursuit Maigret semble posséder plusieurs personnalités bien différentes. D'ailleurs, est-il bien Pietr ? Et qui est Pietr ?
Ce roman, qui est non seulement le premier roman de la série des Maigret (1931) mais également le premier roman de Simenon que je lis m'a pour le moins surpris, étonné. Je ne connaissait des enquêtes du célèbre commissaire que les films et séries télévisées adaptés des romans. Pour l'ambiance, je n'ai guère été dépaysé. Il n'y a pas plus d'action dans les livres que dans leur version filmée. Ce qui ne me dérange pas plus que cela. Mais le ton, la façon de raconter l'histoire, de décrire Maigret, m'ont semblé friser parfois le surréalisme. Maigret, l'homme du peuple, lourd et baraqué, sans grâce, débarque dans ce royaume du luxe, de la délicatesse qu'est le Majestic non sans le sentiment, justifié, de n'être pas à sa place. Du coup, pour éviter de se mettre en position d'infériorité en affichant trop son malaise, il va évoluer dans ce milieu sans dire un mot. Ou presque. Du coup, personne ne sait ce qu'il fait là ni ce qu'il cherche. Mais plus étonnant encore, nous non plus. D'où cette impression de surréalisme dont je parlais plus haut. Il serait un martien qu'il n'en serait pas moins incompréhensible.
Quant à l'enquête, si elle n'est pas reléguée au dernier plan, on sent bien qu'elle n'est pas la priorité de Simenon. Ce qui l'intéresse, à l'évidence, ce sont les personnages et le milieu dans lequel ils évoluent. Maigret tout d'abord qui fait tout de même un drôle de commissaire. Pietr le Letton ensuite dont on découvre la personnalité en même temps que Maigret au fil de ses investigations. La haute société avec la faune qui hante le Majestic. Les bas quartiers de Paris. La province avec Fécamp.
Mais une chose est sûre, une fois le roman commencé, il est difficile de s'en détacher. Impossible de ne pas tourner les pages non pas tant pour connaître la suite que pour rester le plus longtemps possible dans cette ambiance si particulière que Simenon sait créer et surtout demeurer en compagnie de ce curieux commissaire qui inspire une sympathie assez extraordinaire. Et une fois le roman achevé, il nous vient aussitôt en tête d'en entamer un nouveau (ce que je n'ai pas manqué de faire).
Je n'étais pas certain d'apprécier les romans de Simenon qu'encore une fois je n'avais jamais lu. Mais la surprise fut ma foi bien agréable.

jeudi 21 juillet 2011

Mr Brown - Agatha Christie


Ceci est le deuxième roman publié par Agatha Christie. Mais c'est le premier mettant en scène un couple qui allait devenir récurrent : Tommy (Thomas Beredford) et Tuppence (Prudence Cowley). Même s'ils sont moins connus que Poirot ou Marple, les deux jeunes gens ont vécus, sous la plume de leur auteur, pas mal d'aventures. France 2 nous a même gratifié de téléfilms les mettant en scène sous les traits des excellents André Dussolier et Catherine Frot. 
Tommy et Tuppence sont deux vieux amis. Même si le terme peut sembler un peu impropre puisqu'ils comptabilisent à eux deux à peine quarante cinq ans (c'est Agatha qui le dit). Ils se retrouvent par hasard après la guerre (la première, celle de 14-18). Chacun des deux vivote. Ils décident de s'associer pour créer une agence d'aventuriers quoi que ce terme puisse signifier. Très vite et tout à fait par hasard, ils vont se trouver mêlés à une sombre histoire de documents dont la publication pourrait mettre à mal le gouvernement voire la nation toute entière. Les documents en question sont entre les mains d'une jeune américaine qui est entré en leur possession sans l'avoir voulu. Les jeunes aventuriers vont alors tout mettre en œuvre pour retrouver la trace de la jeune femme. Malheureusement pour eux, ils ne sont pas seuls sur sa piste. Il y a notamment dans la course un homme réputé très dangereux et insaisissable. Le mystérieux Mr Brown.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce roman n'a rien à voir avec le précédent (La Mystérieuse Affaire de Style) qui mettait en scène Hercule Poirot. ici pas question d'énigme criminelle à résoudre. Il s'agit davantage d'aventures. D'une course poursuite qui ne manque pas de rythme et qui comprend son lot de rebondissements. Tommy et Tuppence sont jeunes, sympathiques, courageux, entreprenants. Le style d'Agatha Christie est toujours aussi direct et efficace. Que demander de plus ? Il suffit juste de se laisser entraîner et d'apprécier la balade.

mardi 5 juillet 2011

Le mystère de la chambre jaune - Gaston Leroux



Cette lecture a ceci de particulier que je l'ai réalisée sur un palm zire 21. Un appareil doté d'un écran de 5 cm x 5 cm. À tout casser. Autant dire que cela relève de l'exploit. D'un autre côté, l'œuvre est libre de droit, donc gratuite (merci à www.ebooksgratuits.com). Et j'ouvre une petite parenthèse pour dire que le 1er janvier prochain, l'œuvre de Maurice Leblanc (Arsène Lupin) sera également libre de droits. Fin de la parenthèse.
J'étais curieux de savoir si je pouvait mener jusqu'au bout une lecture sur un écran. Ma foi, oui. Donc ça, c'était fait. Mais revenons en au livre. Qu'il soit sur papier ou électronique, son contenu est le même et reste l'essentiel.
Ce mystère est probablement l'un des plus connus de la littérature policière. Même si, comme moi qui suis doté d'une mémoire de poisson rouge et qu'on a oublié la solution de l'énigme, on ne peut ignorer ne serait-ce que ce titre et le nom du détective : Rouletabille.
 En vérité, Rouletabille n'est pas détective mais journaliste (brillant) à l'Époque. Un jeune journaliste même. Il a à peine dix-huit ans et a commencé sa carrière vers seize ans. Ce qui ne laissera pas de faire tiquer nos cerveaux de femmes et d'hommes du vint et unième siècle. Faut-il croire qu'à l'époque, un adolescent pouvait posséder le savoir universitaire ? Faut-il penser que la valeur de nos actuels diplômes a bien baissée ? Allons, foin de toute polémique, revenons à notre sujet.
Le mystère est le suivant. Vers minuit et demie, alors qu'ils sont en train de travailler dans le laboratoire, le Pr Stangerson et son vieux serviteur, le père Jacques, entendent les bruits d'une agression provenant de la chambre voisine : la chambre jaune. Celle-ci est occupée par mademoiselle Stangerson, la fille du professeur. Les deux hommes tentent d'entrer dans la chambre mais malheureusement, la porte est fermée à clé de l'intérieur. Le père Jacques, qui tente de passer par la seule fenêtre dont dispose la chambre, constate que les barreaux dont elle est munie sont intacts. Ils l'empêchent non seulement d'entrer mais aussi à toute personne se trouvant à l'intérieur de sortir. Lorsque la porte finit par être défoncée, grâce aux renforts qui avaient fini par arriver, mademoiselle Stangerson est retrouvée inanimée. Seule. Aucune trace de l'agresseur qui n'a pu matériellement s'échapper. 
Commence alors une enquête difficile à laquelle s'invite le jeune Rouletabille grâce à une ruse qui lui permet de s'introduire, officiellement, dans la maison. Là, il rencontre Frédéric Larsan, un policier à qui il voue une grande admiration. Commence alors entre les deux hommes une compétition d'autant plus âpre qu'il n'ont pas du tout les mêmes conviction.
Ce récit a plus d'un siècle (1907). Et cela se sent. Indéniablement. À la façon par exemple dont les gens se comportent et qui nous semble très amateure. La fille de Stangerson aide son père dans ses travaux sans qu'il soit acquis qu'elle ait étudié pour cela. Ses connaissances semblent avoir été acquises sur le tas. Ce qui, en considérant l'état encore très empirique de la science à l'époque demeure parfaitement plausible. Les comportements des personnages manifestent également leur appartenance à un autre siècle. L'attitude qui consiste à préférer la guillotine au déshonneur d'une femme fleure encore bon le dix-neuvième siècle (non pas que notre époque méprise à ce point l'honneur, d'une femme ou d'un homme (quoique), mais les raisons d'être déshonoré ont beaucoup, beaucoup changées en cent ans). Toujours est-il que certains personnages nous font sourire dans leur persistance dans un mutisme qui empêche tout simplement la vérité d'éclater et le coupable d'être attrapé.
Mais c'est cette désuétude qui fait le charme de ce roman ô combien célèbre. Et la façon dont Rouletabille mène son enquête, malgré les bâtons qu'on lui met dans les roues, les mystères inexpliqués, les rebondissements, tout cela possède un intérêt intemporel. On pourra noter également les grandes similitudes de conception entre les «parents» des détectives les plus célèbres. Holmes, Rouletabille et Poirot ont tous un faire-valoir (Watson, Sainclair et Hastings) qui fait office de biographe (ce sont la plupart du temps eux les narrateurs) et qui ne possède pas la moitié de l'intelligence de l'homme qu'ils ont pris pour modèle. Mais la recette fonctionne. Indubitablement.
Alors ma foi, pour le prix (et quand bien même il faudrait payer), ce petit bijou d'un autre temps est un véritable délice. À consommer sans modération.

L'image est tirée du fichier epub que j'ai téléchargé. Le livre existe aussi en format Mobipocket, eReader, PDF, Word, Sony Reader.

La Mystérieuse Affaire de Styles - Agatha Christie

Nous sommes en pleine première guerre mondiale. En Angleterre, dans le comté d'Essex. Plus précisément à Styles Court, résidence de Mrs Inglethorp veuve Cavendish. Un matin, après une agonie qui alerte toute la maisonnée, cette dernière décède. L'autopsie révélera que la cause de la mort est un empoisonnement à la strychnine. Toutes les personnes présentes font figure de suspects. Son mari, Alfred Inglethorp. Ses deux beaux-fils, fils de son premier mari, John et Lawrence Cavendish. Mary Cavendish, la femme de John. Evelyn Howard sa dame de compagnie. Cynthia Murdoch sa petite protégée. Le Dr Bauerstein un ami de Mary Cavendish. Dorcas la femme de chambre. Hastings, l'un des hôtes de la victime, va appeler à la rescousse l'un de ses amis pour mener une enquête discrète. Cet ami n'est autre que l'un des réfugiés belges, logés grâce à la générosité de Mrs Inglethorp, le détective Hercule Poirot.
Ce roman est le tout premier récit mettant en scène le célèbre détective belge écrit par Agatha Christie.Et autant dire que tout y est déjà. Hercule Poirot bien sûr. Dès cette première enquête avec ses qualités et ses défauts. Il est intelligent, évidemment, mais aussi suffisant, arrogant, maniaque et compatissant, généreux, drôle. Il y a également Hastings, le fidèle compagnon. Une sorte de Dr Watson pas très futé. Comme son alter ego, il est le narrateur de l'histoire. Et il veut se persuader qu'il peut faire aussi bien que son ami belge et bien sûr, se ramasse lamentablement. Ce qui contribue à introduire de l'humour au sein du drame. Il y a même, dans ce premier épisode, l'inspecteur Japp. Un fin limier de Scotland yard, assez intelligent pour admettre que Poirot est plus fort que lui.
Quant à l'histoire, à l'enquête, elle comporte la plupart des ingrédients de ce qui allait devenir une recette classique. D'abord le lieu. Comme souvent (mais pas toujours, loin de là), l'histoire se situe en Angleterre et en particulier dans la campagne anglaise, si typique. Dans un lieu, sinon clos, du moins isolé. Les suspects sont clairement identifiés. Leur nombre ni trop grand ni trop petit. Juste ce qu'il faut pour nous lancer sur quelques pistes. Sans aller jusqu'à affirmer que l'on peut trouver le coupable soi-même (si ce n'est par un coup de chance), les éléments dont dispose le lecteur sont, grosso modo, les mêmes que ceux dont dispose Poirot. On peut s'amuser, sinon à résoudre le mystère, au moins à échafauder des hypothèses (j'avoue avoir trop de flemme pour ça).
J'avoue avoir un petit faible pour cette Mystérieuse affaire de Style. Ce roman ne fait pas partie des plus célèbres, mais il a pour lui d'être le tout premier, ce qui lui donne une place à part. Et il possède un charme indéniable. Le style d'Agatha Christie est agréable. Simple, efficace, débarrassé de toute fioriture. La dame sait aller à l'essentiel et créer une ambiance. De plus, en dehors du fait que l'action se situe il y a presque un siècle (un siècle !!) et qu'elle a donc nécessairement quelque chose de désuet, son écriture (qui a le même âge) n'a pas pris une ride.
À lire, absolument, comme tout le reste de l'œuvre de cette grande dame du roman policier.

No country for old men - Cormac McCarthy


Ce roman a donné lieu à un film des frères Coen que je n'ai pas vu. Il va falloir que je comble cette lacune très vite. De fait, le ton la construction du récit sont tels que l'envie pour un réalisateur de l'adapter au cinéma est une évidence. Ce roman est un film. Ne serait-ce que par son rythme. Assez incroyable. J'ai peu lu de roman au rythme aussi élevé. les descriptions sont réduites au minimum de façon à ne pas alourdir le texte. De fait, les endroits dans lesquels l'histoire nous entraîne sont assez familiers pour se passer de descriptions. En revanche, les gestes des personnages sont détaillés dans les moindres détails. Loin d'alourdir la lecture, ceci contribue également au rythme. Tout pour l'action semble être la devise de l'auteur. Ajoutons à cela un style particulier et typique de McCarthy. Des phrases courtes et nerveuses. Des dialogues débarrassés de leurs tirets (ça surprend bien un peu au début, mais on s'y fait).
Ajoutons que l'histoire comporte son lot de suspense, de chasses à l'homme, de meurtres. Et il nous entraîne dans un tourbillon qui nous fait vite manquer d'air, qui nous laisse haletants, pantelants, avide de connaître la suite. Enfin, du moins, pendant les trois quarts du roman. Jusqu'à une scène violente, tragique dont nous ne sommes, pour une fois, pas les témoins directs.  Les faits ne nous sont racontés qu'une fois qu'ils se sont produits et sans précaution, brutalement. Cela tombe un peu comme un cheveu dans la soupe. À partir de là, le récit se concentre davantage sur le personnage d'un vieux shérif désabusé. Ce n'est pas gênant en soi, sauf que l'on part sur tout autre chose et notamment sur des souvenirs dont on ne voit pas bien ce qu'ils viennent faire là et qui sont difficiles à suivre parce que peuplés de personnages dont on ne nous dit rien, ou presque.
J'ai eu la désagréable impression que l'auteur ne savait pas bien comment finir et a fait du remplissage. Ce roman qui partait si bien et qui méritait, au moins pour les trois premiers quarts, un 5 sur 5, finit en queue de poisson. Et je dois dire que cette expression ne m'a jamais semblé aussi juste. Observez bien une queue de poisson. À la différence des queues de mammifères, qui s'amenuisent pour finir en pointe, la plupart du temps, les queues des poissons partent dans deux directions différentes. Et c'est un peu ce qui se passe ici. On part dans tous les sens et on suit des chemins qui conduisent dans des impasses.
Ce n'est rien de dire que j'ai été très, très déçu de cette dernière partie. Elle a eu malheureusement pour moi le don de gâcher ma lecture. Il n'en reste pas moins vrai que McCarthy reste pour moi en excellent auteur et qu'il a un style inimitable. Mais je n'étais sans doute pas dans les dispositions d'esprit requises pour apprécier la totalité du roman. Malgré tout, je vous invite à le lire, dans l'espoir que vous ne vous sentirez pas aussi déçu que j'ai pu l'être.


dimanche 19 juin 2011

La Cité des Jarres - Arnaldur Indridason



Autant que je sache, ce doit être le premier roman islandais que je lis. De l'Islande je ne connais pour ainsi dire rien. Tout ce que ce pays m'évoque tiens en quelques mots : la chanteuse Björk, la capitale Reykjavik, la première femme au monde élue à la tête de l'exécutif d'un état, les volcans facétieux, les geysers. Ce qui fait peu, vous en conviendrez. Je terminerai en disant que le pays ne m'a jamais semblé particulièrement glamour (je demande pardon à mes ex-futurs amis islandais). Mais il est vrai que je suis peu attiré par les climats froids (la température moyenne sur une année à Paris est de 11,7 °C et seulement de 4,4 °C à Reykjavik).
Suite à ma lecture, j'en sais un petit peu plus sur l'Islande (j'ai ajouté un nom de ville à ma culture doublant ainsi le nombre initial : Keflavik). Et force m'est d'avouer que cela ne me donne qu'assez peu l'envie d'y passer mes vacances (encore une fois pardon aux islandais). Mais au moins ma curiosité vis à vis de ce pays s'est-elle éveillée. Et mon capital sympathie pour son peuple est monté en flèche.
L'histoire est la suivante. Un septuagénaire est retrouvé tué dans son appartement. C'est l'inspecteur Erlendur qui est chargé de l'enquête. Très vite il découvre que la victime aurait, des années plus tôt, violé une jeune femme. Et allant de découvertes en découvertes, Erlendur va bientôt parvenir jusqu'à l'horreur.
Inutile de dire que le dépaysement est total. Et l'ambiance particulièrement réussie. Quant à la vie privée de l'inspecteur, elle tend à rendre plus touchant le personnage. Et lorsque j'ai découvert que sa fille se droguait, j'avoue avoir été aux anges. Non pas que j'aie un mauvais fond (du moins je ne crois pas) mais pour moi, plus un roman s'éloigne des bisounours, plus il est crédible et digne d'intérêt. Reste que très vite, hélas, les bisounours pointent le bout de leur nez et la fifille montre tous les signes d'une tentative de retour dans la normalité (quoi que cette notion implique). La première scène entre le père et sa fille promettait pourtant. Dommage.
Quant à l'enquête, elle est émaillée de pistes improbables. Elles semblent toutes ne devoir mener nulle part. Même les collaborateurs d'Erlendur sont sceptiques. Alors nous, pauvres lecteurs. Et malgré tout, on finit par prendre plaisir à suivre ces policiers en train de patauger lamentablement. Il y a un petit quelque chose de réaliste dans ce manque d'indice. On imagine sans peine que le plus souvent, les enquêteurs ne trouvent pas une carte de visite du meurtrier.
À noter que l'un des ressort de l'enquête s'appuie sur une réalité typiquement islandaise : le fichage génétique et médical de toute la population.
Et je ne résiste pas au plaisir de citer quelques uns des prénoms utilisés dans le roman. Je leur trouve un parfum d'exotisme assez puissant : Eva Lind, Sindri Snaer, Sigurdur Oli. Le plus drôle, c'est que l'un des personnages porte un nom à ce point étranger à l'Islande que les gens se demandent s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Et ce prénom est ... Marion.
Une découverte assez enthousiasmante donc et qui parvint, par sa conclusion, à se hisser à la hauteur d'une tragédie. Il n'est pas déraisonnable de penser que je lirai d'autres aventures de l'inspecteur Erlendur.


jeudi 16 juin 2011

Les visages - Jesse kellerman



Au moment d'écrire cette chronique, je m'aperçois que j'ai lu finalement peu de thriller dans ma vie. Ce qui diminue mes références et limite mes points de comparaison. De fait, certains plus avertis que moi ne manqueront pas de dire qu'il y a bien mieux dans le domaine. C'est possible. Je n'en sais rien, forcément. Mais fort heureusement, rien ne m'empêche de chroniquer ce roman dans l'absolu. Comme s'il était le seul du genre. Et je vais me gêner.

L'histoire tout d'abord. Elle est classique. Entendez par là qu'elle est assez conforme à toutes celles que j'ai lues. Même si elles sont peu nombreuses,elles ont constitué pour moi un panorama des ingrédients indispensables de ce genre de récit. Il nous faut un personnage principal qui ne soit, de préférence, ni policier ni possédant un lien quelconque avec la police. De préférence, toujours, il doit être riche et exercer un métier qui lui laisse beaucoup de temps libre. C'est qu'il a une enquête à mener. Et cette enquête doit être déclenchée par un événement insolite, étrange, mystérieux (c'est au choix).
Le héros du roman, Ethan Muller, est un galeriste de New-York. Non seulement il gagne bien sa vie, mais il est le rejeton d'une famille richissime. Les Muller ferait (presque) passer les Rockfeller, Trump et autres Hilton pour de simples SDF. Un beau (?) jour, Tony Wexler, le meilleur ami de son père, David Muller qu'Ethan ne voit plus, le fait entrer en possession d'une collection impressionnante de milliers de dessins réalisés par un inconnu. Des dessins d'une qualité et d'une force exceptionnelle. Mais l'auteur est introuvable. Ethan est tout à sa joie de réaliser une opération juteuse lorsqu'un ancien policier attire son attention sur la ressemblance troublante entre les personnages des dessins et les jeunes victimes d'un pédophile.
Quand je vous disais que tout y était.Alors, me direz-vous, si si, vous allez me le dire, qu'est-ce qui fait l'intérêt de ce roman ?
Tout d'abord l'écriture. Parce que c'est plutôt bien écrit. Le ton employé est, en particulier, assez plaisant et ne manque pas d'humour. Le récit étant fait à la première personne, nous sommes gratifié de la vision qu'Ethan a des autres et également de lui-même. Et il n'épargne jamais le gosse de riche qu'il est. Le personnage a une opinion sans concession de lui. Il est assez lucide. Et j'ai trouvé cela plutôt rafraîchissant. De plus, il n'hésite pas à s'adresser au lecteur directement et, là où d'autres auteurs sombrent dans l'affectation, le manque de naturel, Kellerman trouve, lui, les mots qui conviennent pour nous faire croire que c'est définitivement à nous, et à personne d'autre, qu'Ethan se confie.
Si l'énigme manque peut-être un peu de piquant, elle se suit agréablement. Mais d'ailleurs, l'essentiel du livre n'est sans doute pas là. Il est bien plutôt dans la galerie de personnages qu'il nous invite à visiter. Et en particulier les membres, ô combien intéressants, de la famille Muller. Le récit est en effet entrecoupé de moment choisis de la saga de la famille depuis l'histoire du premier d'entre eux à avoir mis le pied en Amérique, Solomon Mueller, tout droit débarqué de son Allemagne natale, jusqu'à David, le père d'Ethan. Et ces petites incursions dans le passé sont loin d'être inintéressantes. Au contraire. Elles donnent au récit une véritable respiration. Et qui plus est, nous découvrirons qu'elles ne sont pas du tout gratuites. Mais, chut !
Au final, un excellent roman que je n'ai absolument pas pu lâcher avant d'en avoir atteint la fin.

Un tout petit mot pour finir sur la collection à laquelle l'exemplaire de mon livre appartient. Il s'agit des Éditions .2 (ou point 2), création des Éditions Points (Paris, France) et de Jongbloed bv (Heereveen, Pays-Bas). Ces livres sont en format ultra-poche (12 cm x 8 cm), sont légers et se lisent verticalement. Idéal pour les emporter partout et lire au lit.